En attendant le mois d’octobre et ses beaux défilés de rose, ses campagnes de sensibilisation sur le cancer du sein…mais aussi sa sémantique de bataille et de lutte, pas toujours partagée par les personnes malades, voici l’extrait du magnifique post « Les Mots » écrit par Eric Samson, journaliste, écrivain, animateur de radio, blogueur et, surtout, ici un fils.
La métaphore du combat n’est pas la meilleure. Je commence à comprendre ça : on ne se bat pas contre le cancer. On subit le cancer, et on se bat pour vivre. Ce qui est atroce, carrément inhumain, dans l’idée de « se battre contre le cancer », c’est que si on en meurt, c’est qu’on a échoué. C’est qu’on ne s’est pas battu assez fort. Et penser ça, c’est fucking chien.
Alors ma mère se bat pour elle, pour moi aussi sûrement, pour sa mère à elle certainement aussi. Elle se débat pour vivre comme un noyé se débat pour rester à flot; il n’essaie pas de vaincre la mer, juste de s’en sortir.
Quand un mot comme celui-là peut avoir l’effet d’une mine antipersonnel comme ça, quand le simple fait qu’un médecin dise « cancer » au téléphone suffit pour que toute une vie se mette sur hold et pour que tout le monde que cette vie-là touche, de près ou de loin, s’en retrouve désemparé : c’est qu’il y a vraiment une puissance destructrice inouïe dans ces deux syllabes-là. Et c’est ça que ma mère va exorciser, pendant les deux ans que dureront ses traitements. Descendre le mot « cancer » et montrer qu’on peut, qu’elle peut, qu’elle va, s’en sortir vivante et prête à repartir comme si ça n’avait été qu’un mauvais rêve.
Il n’y a pas de fennecs. Il n’y a pas de Marie Uguay, en tutu ou pas.
Juste une mère, qui tue un mot avec les siens.
Cet extrait est vraiment émouvant et fort et je trouve que toutes les personnes qui se battent contre le cancer sont courageuses. Une vraie leçon de vie à méditer